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Les ressorts de la croissance économique

Economie
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Pourquoi certains pays sont-ils riches et d’autres pauvres ?

Interrogeant les ressorts même de la croissance économique, cette question est au cœur des travaux de science économique depuis, au moins, 1776 et la publication de l’ouvrage fondateur d’Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations. Elle n’a cessé d’alimenter depuis les réflexions des économistes.

Pourquoi cela ? Car même s’il s’agit d’un phénomène relativement nouveau – les travaux axés sur la longue période font remonter les prémices de la croissance économique moderne à la première révolution industrielle, c’est-à-dire au XVIIIe siècle –, la croissance économique est recherchée pour les bienfaits qu’elle génère pour la société : amélioration des conditions de vie, augmentation des revenus et du pouvoir d’achat, réduction de la pauvreté, diminution du chômage, etc. Dans ce contexte, stimuler la croissance économique constitue, à l’heure actuelle, l’un des objectifs prioritaires des politiques économiques menées.

 

Les facteurs explicatifs de la croissance économique

La croissance économique désigne, formellement, l’augmentation de la richesse produite dans un pays pendant une période donnée (le plus souvent, une année). On la mesure à travers l’évolution du produit intérieur brut (PIB) réel, c’est-à-dire corrigée des effets de l’inflation. D’où cette croissance économique provient-elle ? Les économistes distinguent, traditionnellement, trois grands types de facteurs favorisant la croissance économique.

La croissance économique peut, tout d’abord, être « extensive », c’est-à-dire obtenue par une augmentation de la quantité des facteurs de production (travail, capital, ressources naturelles, etc.) utilisés. C’est notamment le cas lorsque la population active augmente – cette augmentation peut elle-même être liée à l’accroissement de la population, du taux d’activité ou encore à l’immigration –, le stock de capital s’accroît à la suite d’investissements, ou lorsque de nouveaux gisements de pétrole ou de gaz sont découverts.

Les économistes désignent, ensuite, sous l’expression de croissance économique « intensive », toute augmentation de l’activité économique obtenue à quantité constante de facteurs de production par un accroissement de l’efficacité du système productif. On parle alors de gains de productivité. Ces derniers peuvent être générés par des innovations et en particulier l’introduction de nouvelles technologies dans le processus productif, l’amélioration du niveau de qualification et de compétences des travailleurs ou encore une meilleure organisation du travail.

Enfin, les économistes ont mis en avant le rôle crucial des institutions, définies comme l’ensemble des règles qui encadrent les échanges économiques dans le processus de croissance économique. Sans de bonnes institutions, aucune croissance, qu’elle soit intensive ou extensive, n’est possible. L’exemple le plus fréquemment cité est celui de la législation encadrant le droit de propriété intellectuelle. Sans de telles lois, comment les innovations mentionnées au paragraphe précédent pourraient-elles, en effet, être mises en œuvre ?

 

Les limites de la croissance économique

La recherche constante de la croissance économique se heurte, cependant, à certaines limites. Tout d’abord, elle peut entraîner des conséquences sociales, en étant par exemple source d’inégalités lorsque les fruits de la croissance ne sont pas partagés équitablement ou quand ils s’accompagnent d’une détérioration des conditions de travail d’une partie de la population. Ensuite, la croissance économique est freinée par l’épuisement des ressources naturelles. Ainsi, la « fin du pétrole », c’est-à-dire l’épuisement des gisements, devrait, selon certaines estimations, se produire d’ici 50 ans. Enfin, la recherche de la croissance économique semble s’exercer au détriment de la planète, tant elle participe à la dégradation de l’environnement et au dérèglement climatique.

Anatomie de la croissance économique française depuis 1950

Les données de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) permettent d’établir un panorama complet de la croissance économique en France depuis 1950. Celui-ci permet de rendre compte du caractère inégal des taux de croissance en France et de distinguer plusieurs périodes clés.

La première phase s’étend de l’après Seconde Guerre mondiale au milieu des années 1970. Qualifiée de « Trente Glorieuses » par l’économiste Jean Fourastié, cette période est synonyme de croissance soutenue en France – le PIB augmente en moyenne de 5,4 % par an –, dans un contexte de reconstruction rapide du pays et du rattrapage, notamment en matière technologique, d’autres pays comme les États-Unis. Le premier choc pétrolier de 1973, en provoquant une augmentation brutale des coûts de production, met un terme à cette dynamique. Dans la deuxième moitié des années 1970, la croissance économique annuelle n’est plus que de 2,7 % en moyenne, tandis que l’activité économique ralentit encore davantage entre 1980 et 1987 (+ 1,8 % en moyenne). La fin des années 1980 est marquée en France par un retour d’une croissance économique soutenue : en 1988, le PIB réel progresse de 4,7 %, soit le niveau le plus élevé depuis 1973 ! La décennie 1990 s’accompagne d’un ralentissement de l’activité économique en France : la croissance économique y atteint 2 % en moyenne, dans un contexte où le pays s’efforce de satisfaire les critères de convergence permettant d’accéder à la monnaie unique, notamment en termes de finances publiques et de lutte contre l’inflation. Entre 2000 et 2019, la croissance économique suit une évolution erratique en France : elle est, ainsi, de 2,3 % en moyenne entre 2004 et 2007, mais seulement de 1,2 % en moyenne entre 2010 et 2016. Enfin, en 2021, la progression du PIB atteint un niveau jamais vu en France depuis 1960, avec + 6,4 %, mais cette performance fait figure de trompe-l’œil. Il s’agit, en effet, essentiellement d’un phénomène de rattrapage après 2020, annus horribilis pour la croissance économique.

 

L’histoire économique récente de la France est également jalonnée de crises, c’est-à-dire d’évènements de courte durée au cours desquels la croissance économique est négative. On parle alors de récession. Depuis 1950, la France a connu quatre phases de recul de son PIB réel :

  • En 1975 : à la suite du premier choc pétrolier, le PIB a reculé de 1 % ;
  • En 1993 : la crise du système monétaire européen a provoqué une croissance économique négative en France (-0,6 %)
  • En 2009 : débutée aux États-Unis en 2007, la crise des subprimes cause une baisse de l’activité économique de 2,9%.
  • En 2020 : la pandémie de Covid-19 a mis l’économie française à l’arrêt et a entraîné le plus fort recul du PIB jamais enregistré (- 7,5 %).

 

Ces épisodes ne doivent, cependant, pas faire oublier la forte progression de l’activité économique en France au cours des 70 dernières années. Les richesses produites, mesurées par le PIB, y sont, en effet, plus de 8 fois plus élevées qu’en 1950.

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