Le système agroalimentaire français
La France, une souveraineté agricole et agroalimentaire menacée
La France est le premier pays producteur agricole européen devant l’Allemagne, mais est confrontée à une dégradation de sa balance commerciale avec les autres pays de l’UE concernant les produits transformés.
En 2022, l’agriculture et les industries agroalimentaires (IAA) employaient plus de 1,4 million de personnes en équivalent temps plein (ETP) en France, soit 5,1 % de l’emploi total national, dont 754 000 dans l’agriculture et 673 000 dans les IAA, selon l’institut national de statistiques Insee. Ces deux activités en représentaient 11,7 % en 1980. Cette chute est liée essentiellement au recul continu du nombre des agriculteurs et des salariés de ce secteur. Depuis 2011, l’emploi progresse à nouveau dans les entreprises de l’agroalimentaire qui ont créé 100 000 ETP. Il y avait 43 800 entreprises dans ce secteur en 2022.
En quarante ans, le poids de l’agriculture et des industries agroalimentaires dans le produit intérieur brut (PIB, la production totale de biens et de services d’un pays) a par ailleurs été quasiment divisé par deux, à 3,8 %, dont 1,9 % pour les produits bruts issus de l’agriculture, de la pêche et de la sylviculture et 1,9 % pour les produits transformés issus des IAA.
Malgré ces reculs, la France maintient son statut de grande puissance mondiale agricole et agroalimentaire, occupant la première place de l’UE pour la production agricole et la deuxième derrière l’Allemagne dans le secteur des IAA.
Des échanges extérieurs révélateurs des faiblesses de l’agroalimentaire français
L’importance de la production agricole et agroalimentaire française ne doit toutefois pas masquer l’apparition récente de déficits inquiétants pour certains produits. En apparence, l’agriculture et les IAA font partie des rares points forts du commerce extérieur français puisqu’elles dégagent un excédent de 8 milliards d’euros en moyenne depuis 2000, souligne l’Insee dans une note en février 2024. Mais ce solde ne tient que grâce aux boissons. Si l’on exclut le vin et l’alcool, la balance est structurellement déficitaire depuis 2014.
La France s’est en fait spécialisée dans l’exportation de produits bruts (céréales, animaux vivants) ou peu transformés (sucre, poudres de lait) et des produits de « terroirs » (fromages, boissons alcoolisées), souvent haut de gamme et très chers. Mais elle importe toujours plus de fruits et légumes et surtout de produits transformés. Résultat, la France accuse un déficit de ses échanges agroalimentaires avec les autres pays européens depuis 2014, en raison notamment de la concurrence des derniers pays entrés dans l’UE comme la Pologne et la Roumanie, dont les coûts sont moins élevés. De quoi remettre en question sa souveraineté agricole et agroalimentaire et donner lieu, en mai 2024, à l’adoption en première lecture par l’Assemblée nationale d’un projet de loi « pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture ».
Article rédigé par Brief.eco