L’inflation
Au secours, l’inflation revient !
Alors qu’elle avait presque disparu de notre quotidien depuis des décennies, l’inflation réapparaît dans le sillage de la crise sanitaire. En effet en 2021, les prix ont augmenté en France de 2,8 %, niveau le plus haut depuis 10 ans. Cependant la France est moins touchée que l’Allemagne qui avec une hausse des prix de 5,2 % connaît son niveau le plus élevé depuis 1992. Les USA ont connu en 2021 une inflation de 6,8 %, un record depuis 40 ans.
Mais qu’est-ce que l’inflation ?
Le terme inflation provient du substantif latin inflatio qui signifie gonflement et du verbe inflare qui signifie enfler. L’inflation est un phénomène qui peut être défini comme une hausse du niveau général des prix à l’intérieur d’un espace donné, auto-entretenue et fondée sur des mécanismes macroéconomiques.
Elle se distingue donc :
• D’une part, des hausses sectorielles de certains prix (par exemple la hausse saisonnière des fruits et légumes).
• D’autre part, des hausses de prix généralisées mais sans lendemain.
Comment mesure-t-on l’inflation ?
Il est impossible d’observer la variation des prix de tous les biens d’une économie. On construit donc un indice des prix pour mesurer les variations observées. L’indice des prix à la consommation mesure le prix des biens et des services proposés aux consommateurs sur l’ensemble du territoire à partir d’un échantillon de biens et services, représentatif de la consommation des ménages. Cet échantillon est actualisé tous les ans.
Quels sont les différents types d’inflation ?
On distingue plusieurs types d’inflation selon l’importance de la hausse du niveau général des prix :
• L’inflation est dite rampante lorsque le taux d’inflation est faible, inférieur à 3 %.
• L’inflation est dite galopante quand la hausse des prix est à deux chiffres (à partir de 10 % par an).
• L’hyperinflation est une situation extrême. Elle concerne des périodes où le taux mensuel d’inflation peut dépasser 50%.
• La désinflation est une situation où le taux d’inflation diminue. Il ne faut pas confondre désinflation et baisse des prix.
• La déflation, par opposition à l’inflation, désigne une situation de baisse générale et durable des prix.
Comment expliquer l’inflation ?
L’inflation est un phénomène économique plus difficile à expliquer qu’il n’y paraît au premier abord. L’économiste André Fourçans avait noté d’ailleurs qu’il y avait plus « une inflation des théories qu’une théorie de l’inflation ».
Nous en retiendrons quatre.
L’inflation monétaire
Pour les économistes monétaristes, l’inflation est un phénomène purement monétaire. Selon eux, la monnaie n’est qu’un voile qui n’a pas d’influence sur le revenu réel de l’économie. Elle influence seulement le niveau des prix. A vitesse de circulation de la monnaie constante, toute augmentation de la masse monétaire (par exemple l’octroi excessif de crédits) supérieure à celle de la production réelle se traduira par une hausse de l’ensemble des prix.
L’inflation par la demande
On peut également expliquer les phénomènes inflationnistes par un excès durable de la demande réelle de biens et services par rapport à l’offre réelle. L’augmentation de la demande peut provenir de l’accroissement des dépenses publiques ou de l’entrée de revenus supplémentaires sur le territoire (excédent de la balance commerciale, entrée de capitaux). Elle peut également être due à l’accroissement des dépenses de consommation des ménages du fait de l’apparition de nouveaux produits ou d’un enrichissement de certaines catégories sociales leur permettant d’avoir accès à de nouveaux biens. La hausse des prix ne survient que dans la mesure où l’appareil de production ne peut répondre à cette augmentation de la demande et que l’ajustement offre/demande ne peut donc se faire par les quantités. Dans ce cas, c’est la hausse des prix et non les quantités qui ajuste l’offre à la demande.
L’inflation par les coûts de production
L’inflation peut être également expliquée par une croissance de la rémunération des facteurs de production supérieure à celle de leur productivité. L’augmentation de la rémunération des facteurs de production conduit les entreprises à augmenter le prix des produits qu’ils vendent :
• A d’autres entreprises qui elles-mêmes élèveront leurs prix.
• Aux consommateurs qui revendiquent alors de nouvelles hausses de rémunération ce qui peut entraîner une spirale inflationniste. L’augmentation excessive de la rémunération des facteurs peut provenir de la croissance des salaires, des charges sociales (coût du travail), de la pression fiscale, de l’épuisement des matières premières, du coût des importations (exemple type la hausse du prix du baril de pétrole).
L’inflation structurelle
Dans ce cas de figure, l’inflation s’explique par les structures du système économique.
L’inflation peut résulter d’une absence ou de réduction de la concurrence. La France a longtemps constitué un bon exemple d’une économie où subsistait une grosse part de marchés non concurrentiels en raison de réglementations publiques contraignantes.
Les dysfonctionnements du marché du travail.
L’inflation comme manifestation de l’excessive protection sociale : tous les transferts qui participent d’un revenu disponible supérieur à la productivité sont, de ce point de vue, critiquables.
Conclusion
Nous n’avons pas abordé dans cet article les inconvénients de l’inflation. Celle-ci affecte le pouvoir d’achat des ménages. Pour conclure, rappelons cette formule de l’ancien patron de la Bundesbank Karl Otto au début des années 1980 qui prônait une lutte déterminée contre l’inflation : « L’inflation c’est comme la pâte de dentifrice, une fois qu’elle est sortie du tube, il est impossible de l’y faire rentrer ; ainsi il vaut mieux ne pas appuyer trop fort sur le tube »