Qu’est-ce que la croissance économique ?
La croissance, tout le monde en parle ! Les journalistes, les politiques, les dirigeants d’entreprises… Mais finalement, savons-nous véritablement ce que c’est ? Et surtout à quoi sert-elle ?
Qu’est-ce que la croissance ?
La croissance économique est un objectif fondamental de toute économie. En effet, seule la croissance économique permet d’augmenter le niveau de vie de la population, objectif légitime de toute société.
La croissance économique peut se définir comme l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de richesse.
La croissance économique peut être marquée par des fluctuations, c’est-à-dire des périodes de hausse ou de baisse. Ce n’est donc pas un phénomène conjoncturel, la croissance s’inscrit dans une longue durée.
Enfin, la croissance est un phénomène purement quantitatif mesuré par la production nationale. Elle se distingue en ce sens du développement qui peut comprendre des éléments qualitatifs.
Comment mesure-t-on la croissance économique ?
La croissance économique est mesurée statistiquement par l’augmentation du Produit Intérieur Brut (PIB).
Le PIB est l’agrégat permettant de comptabiliser l’ensemble des activités de production dans une économie. Il correspond à l’ensemble des valeurs ajoutées pour tous les agents économiques à l’intérieur d’un pays, c’est-à-dire la différence entre la production réalisée et les consommations intermédiaires nécessaires à cette activité, quelle que soit la nationalité des agents. C’est donc une mesure de « la richesse créée globalement » par les agents économiques.
Au PIB marchand s’ajoute le PIB non marchand. En effet la production non marchande est fournie à titre gratuit ou quasi gratuit, c’est-à-dire que son prix de vente est inférieur ou égal au coût de production. La production non marchande prise en compte dans le PIB est celle fournie par les administrations publiques et les associations. Le PIB doit être calculé en volume ou à prix constants pour éliminer la hausse des prix.
C’est la variation annuelle positive du PIB qui est appelée « croissance économique ». Quand le PIB stagne on parle de croissance nulle, de stagnation. Quand il recule, le pays est en récession économique.
Attention, quand la hausse du PIB passe de 3% une année à 2% la suivante, le pays est toujours en croissance ! La France a connu en 2021 une croissance du PIB de 7% après avoir subi une baisse de 8% en 2020. Le PIB s’établit ainsi à 2 500 milliards d’euros en 2021.
Le PIB peut donner une indication du niveau de vie moyen d’une population : pour cela, il suffit de diviser le PIB par la population.
Comment expliquer la croissance ?
La croissance économique s’explique d’abord par la quantité des facteurs de production mobilisés : le travail et le capital.
Ainsi la quantité de facteur travail, c’est-à-dire l’augmentation de la population active, contribue directement à l’évolution de la quantité de biens et services produits.
Mais c’est surtout l’accumulation du capital qui joue un rôle important : l’augmentation en volume du stock de capital par le biais de l’investissement net, a un impact fort dans le processus de croissance. Toutefois le rôle des facteurs de production ne suffit pas à comprendre la croissance.
Des économistes français (Carré, Dubois, Malinvaud) ont cherché à expliquer la forte croissance enregistrée par l’économie française pendant les Trente Glorieuses (5% par an entre 1951 et 1969). Il ressort de leurs travaux que sur les 5% de croissance, 1% est lié au facteur travail, 1,5% au capital et le reste, c’est-à-dire la moitié, non expliqué par le seul recours à l’utilisation des facteurs de production, est appelé le « facteur résiduel ».
Pour l’expliquer, ces économistes ont intégré d’autres variables du système économique français tels que le développement de la scolarisation, des infrastructures, l’accroissement du secteur public, de la planification et de la politique industrielle. D’autres économistes se sont interrogés sur l’impact de la confiance sur l’économie. A la fin du XXème siècle sont apparues les théories, notamment développées par les économistes américains (Romer, Lucas et Barro), de la croissance endogène.
Ces théories considèrent que la rentabilité collective de certains investissements (matériels ou immatériels) dépasse la seule rentabilité privée. Autrement dit, les innovations qui apparaissent dans le domaine d’une entreprise peuvent générer une augmentation des gains dans d’autres entreprises ou même dans d’autres branches de l’économie. Dans ces conditions, le rôle de l’Etat ne consiste plus à pallier les insuffisances du marché mais à favoriser la croissance économique par la création d’un environnement institutionnel protégeant les intérêts de l’innovateur et l’élaboration de politiques publiques favorables à l’obtention des gains collectifs.
Les limites du PIB
Le PIB constitue un outil de mesure « un thermomètre » de l’activité économique. Il n’est pas exempt de critiques internes (évalue-t-il bien la richesse ?) ou externes (donne-t-il une idée du développement d’un pays, du bien-être de ses habitants ?) et doit être considéré à sa juste place. Le PIB ne mesure pas la production bénévole et la production domestique. Ainsi, si une personne épouse son employé(e) de ménage, alors le PIB baisse, puisqu’elle supprime une activité économique rémunérée sur un marché !
De même, les activités légales non déclarées et les activités illégales qui forment une « économie souterraine » ne sont pas prises en compte dans le calcul du PIB. S’il paraît naturel d’exclure les trafics illégaux de la richesse nationale, ils sont pourtant une composante essentielle de l’économie de certains pays, comme la Colombie(drogue).
Par ailleurs, si le PIB ne compte pas les pertes de patrimoine naturel, il peut être amené à compter positivement sa destruction organisée. Les « externalités négatives » sont ainsi comptabilisées positivement dans le calcul de la richesse nationale. Ainsi la destruction organisée de la forêt amazonienne est une activité qui fait progresser le PIB mondial.
Croissance économique et développement
La croissance économique, à travers le PIB, ne reflète que la production de biens et services. Or d’autres critères sont importants pour évaluer le bien-être de la population : le niveau de l’éducation, la pauvreté, les inégalités de revenu et de patrimoine, le niveau de santé, etc. Tout cela est regroupé sous le vocable « développement ». Le professeur François Perroux définit le développement comme « l’ensemble des transformations des structures économiques, sociales, institutionnelles et démographiques qui accompagnent la croissance, la rendent durable et, en général, améliorent les conditions de vie de la population ». Même s’il existe une forte interdépendance entre croissance et développement, le développement économique englobe des bouleversements plus grands que le simple processus de croissance économique.
L’IDH ou Indice de Développement Humain, est un indicateur composite qui a pour objectif de compléter l’approche en terme de PIB, trop réductrice, en combinant trois éléments : la longévité et la santé, l’instruction et l’accès au savoir, le niveau de vie (PIB/habitant). Cependant, l’IDH apparaissant lui-même comme insuffisant pour rendre compte du bien-être, d’autres indicateurs ont été construits pour mesurer notamment la pauvreté ou la situation spécifique des femmes.
Conclusion
Nous n’avons abordé dans cet article ni le développement durable ni la décroissance. La croissance économique est l’enjeu fondamental de toute société. Dans une économie mondialisée, la croissance est un phénomène beaucoup plus difficile à appréhender que dans une économie fermée. Si la croissance n’est pas la panacée, elle a cependant permis la diminution de la pauvreté dans le monde.